Pouvez-vous nous parler de votre parcours en tant que cheffe ?
J’ai grandi dans une famille de pâtissiers, qui tenait un salon de thé en face de la cathédrale de Beauvais, dans l’Oise. J’ai fait un détour par des études de biochimie, mais je suis rapidement revenue à la cuisine : un CAP Cuisine pour apprendre les bases, puis une spécialisation dans les desserts de restaurant, ma vraie passion. Ensuite, mon parcours a été plutôt intense : j’ai travaillé dans plusieurs restaurants gastronomiques ou étoilés dans l’Oise et en Île-de-France, notamment à la Maison Rostang à Paris (2 étoiles Michelin). Puis j’ai rejoint la Chocolate Academy à Paris pendant trois ans, en tant que cheffe pâtissière. J’ai aussi participé à plusieurs concours, dont la finale du Championnat de France du dessert. C’est une compétition qui me tient vraiment à cœur, car j’y ai noué de solides amitiés et j’en suis aujourd’hui l’ambassadrice avec plaisir.
Le partage et la transmission sont des valeurs très importantes pour moi, donc je propose depuis de nombreuses années des formations aux professionnels. Et l’idée de la pâtisserie santé me trottait dans la tête depuis longtemps… Des soucis de santé personnels, puis le cancer de mon meilleur ami m’ont fait sauter le pas : j’ai décidé de prendre une nouvelle direction en 2020 et j’ai ensuite fondé « SaIn Pâtisserie Santé » fin 2021. Je travaille avant tout avec des établissements de santé et Associations en oncologie, en organisant des ateliers de pâtisserie avec les patients et les équipes de soignants.
Comment décririez-vous la place et le rôle des femmes dans la restauration aujourd’hui, et plus spécifiquement dans la restauration en santé ?
Il ne faut pas se mentir, le métier de cheffe reste difficile, avec des horaires, un rythme difficile. Moi, j’aime mon métier et je ne l’échangerai pour rien au monde, mais il faut avoir du caractère, être passionnée et, en tant que femme, assumer ses valeurs et ses idées. Dans la restauration santé plus particulièrement, les femmes sont un levier essentiel pour l’évolution de notre métier. Osons innover avec notre sensibilité et notre détermination pour faire bouger les choses !
Les initiatives comme l’Académie des cheffes chez Medirest sont porteuses : le collectif permet d’aller plus loin. Il nous rappelle que notre métier doit être source d’épanouissement professionnel, mais aussi personnel.
Quels étaient les motivations et objectifs de l’atelier autour de la santé et du plaisir en pâtisserie ?
Il s’agissait d’une journée de coaching innovante pour proposer aux cheffes des recettes simples, saines et gourmandes qu’elles puissent ensuite préparer dans leurs établissements respectifs, en tenant compte de leurs contraintes. Des recettes équilibrées, donc, mais qui visent aussi à redonner du plaisir et l’envie de manger à des patients qui peuvent en avoir perdu le goût. Au-delà des aspects techniques, mon objectif était de transmettre à ces femmes cheffes l’envie de développer leur créativité, de s’approprier les desserts.
Nous avons, par exemple, préparé ensemble une tarte au citron à faible index glycémique, avec une pointe de menthe pour la fraîcheur, un gâteau moelleux à la courge butternut avec une salade d’oranges à la cannelle (une texture adaptée aux personnes âgées ou à des personnes ayant des problèmes en bouche dus à des effets secondaires de traitement), un cake panais, poire et éclats de chocolat à base de sucre de coco et de purée de noisettes pour remplacer le beurre…
Une très belle journée de partage, de bienveillance, de passion et de fous rires, qui, je crois, nous a toutes enrichies professionnellement et humainement !
Merci à Sandrine Baumann Hautin, cheffe pâtissière chez SaIn Pâtisserie Santé, d’avoir partagé son expérience et sa bonne humeur avec nos cheffes. Pour en savoir plus : https://sain-patisserie-sante.fr/.